Eléments généraux de stratégie.

Eléments généraux de stratégie.

1-      Généralités sur le cours.

La stratégie est une opération déterminée par des actions politiques, économiques, sociales, culturelles, etc. c’est le choix des opérations visant à concrétiser les buts escomptées de la politique.

2-      Définition de la stratégie.

La définition de la stratégie selon le petit Larousse met en évidence trois aspects à savoir :

ü  L’Art de coordonner des forces ou actions (économique, politique, militaire, etc.)

ü  Le fait cde manipuler habilement lesdites forces ;

ü  L’option d’atteindre un but qui peut être politique, économique ou militaire.

Pour André Beauffre, la stratégie est l’art déployer des forces militaires ou autres pour atteindre les but de la politique. L’auteur précise que la pluri dimensionnalité des moyens utilisés doit être de mise.

3-      Les différentes étapes dans la mise en œuvre d’une stratégie

Nous distinguons trois dimensions dans la mise en œuvre d’une stratégie à savoir la dimension conceptuelle ; la dimension opérationnelle/pragmatique et la dimension artistique.

ü  La dimension conceptuelle ;

Ici, il est question de définir l’objectif politique ou le projet politique. Bref, c’est la conception de l’idéologie à implémenter.

ü  La dimension opérationnelle ou pragmatique.

Ici, c’est la mise en branle dune stratégie, c’est à dire le fait de commander en vue de mettre en œuvre les buts arrêtés en amont par le politique.

ü  La dimension artistique

C’est la tactique qui, sur le terrain, coordonne et organise l’action dans la chaine des opérations.

C’est du reste pour systématiser le rapport d’antériorité entre les concepts susmentionnés que le général De la Maisonneuve a noté que : « la stratégie, art de commander, doit se soumettre et souscrire aux objectifs politiques, reliés aux forces tactiques dont-elles coordonnent et organise l’action ».

Dans le même ordre d’idées, Liddle Hart, pour réitérer cette triple hiérarchie, conçoit la stratégie comme : « art de mettre en œuvre des moyens militaires pour atteindre les fins de la politique ». tout comme Clausewitz appréhende la stratégie comme l’ « art de la guerre » qui est, dit-il, la continuation de la politique par d’autres moyens.

L’ingrédient militaire n’est plus de nos jours, le moyen exclusif mobilisable pour atteindre les buts de la politique. La stratégie s’est considérablement affranchie du domaine purement militaire, notamment a la faveur des progrès techniques (internet) et de l’apparition des conflictualités non-militaires (cybercriminalité ; blanchiment des capitaux ; mafia ; etc.)

A coté donc de la stratégie qui naguère était essentiellement militaire (étymologiquement, stratégie= conduire l’armée), il existe aujourd’hui des stratégies culturelle, diplomatique, économique, etc.

4-      Rapport entre politique, stratégie et tactique.

ü  La politique

Selon Jean Salvan, la politique repose sur trois aspects clés a savoir : le dessein a réaliser (projet ou idéologie politique) ; la lutte pour parvenir au pouvoir ou s’y maintenir (gouverner, se projeter comme puissance) ; et la désignation des amis et des ennemis (en vue de pérenniser une paix sociale et une stabilité politique).

Raymond Aron, pour sa part, pense que la politique n’est rien d’autre que « la recherche de l’intérêt national ».  A ce titre, le politique est la pour fixer les buts et mobiliser les moyens nécessaires a la réalisation d’une stratégie.

ü  La stratégie

C’est l’ensemble des méthodes et moyens (multidimensionnels) permettant d’atteindre les fins exigées par le politique. C’est l’art de faire concourir la force pour atteindre les buts de la politique.

Puisque les forces de la stratégie ne sont plus exclusivement militaires, cela a amené le stratège Edward Luttwak à définir la stratégie comme : « toute action de force organisée ou menée face a une hostilité consciente ».

ü  La tactique

Elle se distingue comme étant exclusivement l’art du combattant dans la mesure où elle renvoie à l’emploie des moyens (surtout militaires) permettant de lutter contre un ennemi ou de contrecarrer une menace.

De façon plus concrète, la tactique c’est l’« usage des forces armées dans le combat ». C’est l’emploie des armes classiques ou modernes dans la mise en œuvre d’une stratégie.

Le petit Larousse insiste sur l’habileté des moyens employés ; la manière de combattre sur le champ de bataille ; ou encore l’art de diriger, de combiner voire de manœuvrer les différents moyens de combat et effet des armes.

5-      Interactions entre politique, stratégie et tactique.

Les buts de la politique sont réalisés grâce a la stratégie et, les objectifs stratégiques conditionnent la tactique qui, elle, a pour mission d’employer des armes afin d’atteindre lesdits objectifs le plus efficace voire le plus efficient possible. La tactique est donc concrète, revêt un caractère militaire et vise un objectif précis sur le terrain.

Certains auteurs ajoutent aux trois concepts sus-évoqués celui de technique. Ainsi, dans son ouvrage Le paradoxe de la stratégie,  Edward Luttwak distingue, du bas vers le haut : la technique (les différentes fabrications de l’homme), la tactique (l’emploi des moyens techniques contre un adversaire donné) et la stratégie (qui coordonne et gouverne les efforts déployés aux niveaux inferieurs). Le tout reste en cohérence avec les décisions arrêtées par le pouvoir politique.

6-      Les différents niveaux de la stratégie.

Il s’agit notamment de la stratégie globale, de la stratégie des moyens et des stratégies régionales/particulières.

ü  La stratégie globale

C’est le plus haut niveau de stratégie défini par le politique. Elle conçoit les desseins nationaux suprêmes tout en fixant les buts a atteindre dans les domaines  diplomatiques, économiques, culturels et technologiques.

ü  La stratégie des moyens

C’est la stratégie par laquelle un ou plusieurs Etats décident de se doter des moyens économiques, militaires, etc…….

ü  Les stratégies régionales/particulières

Ce sont des stratégies de types globales mais pensées à des échelons locales ; suivant des aires géoéconomiques et/ou civilisationnelles.

7-      De la stratégie a la géopolitique

Pour Yves Lacoste, la géopolitique est une démarche scientifique/processus intellectuel qui s’adosse sur une perception des choses dictée par les considérations spatiales et géographiques.

De façon prosaïque, la géopolitique c’est l’« influence qu’a la géographie sur la politique ». Le  champ de la géopolitique s’articule donc autour des rivalités de pouvoir (entres forces interétatiques ou intra étatiques), dictées ou déterminées par des configurations spatiales ou géographiques. Lesdites rivalités peuvent être sous-tendues par le désir de conquête, de possession voire de contrôle du territoire d’une part ; et, d’autre part, l’ambition de gérer les hommes et les ressources qui s’y trouvent. La géopolitique qui se veut a la fois conceptuelle et analytique, est consubstantielle voire complémentaire a la stratégie qui se veut a la fois opérationnelle et pragmatique.

La géopolitique est une approche pluridisciplinaire qui s’interpose entre la stratégie et les variables géographiques, économiques, climatiques, etc. c’est fort de cette pluridisciplinarité qu’est né la geoéconomie, notamment a la faveur de la multiplication des conflictualité à dominante économique qui tendent a se substituer aux guerres militaires classiques.

La géostratégie, au final, serait donc ce trait-d’union qui se trouve entre la géopolitique (démarche scientifique qui appréhende les choses sous le prisme des enjeux spatio-géographiques)